Restée à l’ombre de la presse congolaise et internationale, Bobi Ladawa, la veuve du Maréchal Mobutu Sese Seko, a partagé les derniers instants de son mari, décédé il y a maintenant 25 ans, soit le 7 septembre 1997 à Rabat au Maroc. Pour la première fois, elle s’est confiée au cours de l’émission « Devoir de Mémoire » de la Radio Top Congo FM.
Voilà, maintenant, 25 années, le corps de Mobutu Sese Seko élut domicile au royaume chérifien. Sa veuve Bobi Ladawa a relaté le dernier moment de Mobutu, leur exil marocain et sur la fortune de Mobutu, au journaliste Christian Lusakueno.
Mobutu Sese Seko, président du Zaïre pendant 31 ans, 5 mois et 22 jours, est mort au début de l'après-midi du dimanche 7 septembre 1997, raconte Bobi Ladawa.
Pour elle, Mobutu était un très bon mari tout au long de leur union. « Être la première dame n’était pas facile, mais il y avait beaucoup de bons moments. Il était maréchal à Mont-Ngaliema », soutient-elle.
La santé de Mobutu s’est détériorée au Gbadolite, où il était parti pour se reposer.
« Quand j'avais remarqué qu’il dormait, j'avais appelé le président Eyadema du Togo pour qu’il nous envoie un avion pour acheminer Papa à l'hôpital pour des soins appropriés. On l'a forcé à quitter Gbado, car il refusait de lui-même », révèle Bobi Ladawa. À Lomé, ils ont fait une semaine avant de poursuivre leur route pour le Maroc ou le roi Hassan II les attendait.
« Personne, ni Français ou Américain, ne peut m’empêcher de t’assister, tu es mon ami ”, disait Hassan II à Mobutu. C’est ainsi qu’un hôtel en entier était mis à notre disposition pendant près d’un mois ou refusait des touristes avant qu’on ne déménage dans un autre Hôtel », raconte Bobi Ladawa.
Quatre mois après son arrivée au Maroc, la santé de Joseph-Désiré Mobutu s'est rapidement dégradée. Malgré plusieurs chimiothérapies, il meurt le 7 septembre 1997.
Toutefois avant de rendre son dernier souffle, le Maréchal Mobutu a fait des confidences à son épouse.
« Avant de partir, il n'a pas beaucoup parlé. Il m’appela ce jour-là au moment où je me rendais à la salle de bain. Et il ne dit mot avant de me dire “pardon”, à mon grand étonnement, je lui ai dit “pourquoi me dis-tu pardon ?” Il ne répliqua point et je lui ai dit une fois de plus : moi aussi, je te dis pardon au nom de tous les enfants du Zaïre, je dis aussi pardon et que tu ne partes pas avec des inquiétudes ou des rancœurs des Zaïrois », relate Bobi Ladawa.
« On m’appela pour me dire que c'était fini. Que je vienne embrasser mon époux pour la dernière fois et on m’a raconté que quelques minutes après je fus évanouie, mais je ne me rappelle de rien. C’est Ngawali (la fille de Mobutu avec sa première épouse Antoinette) qui connaît très bien la suite car moi, j'étais réveillée par les docteurs », fait savoir avec beaucoup d'émotion Bobi Ladawa, 25 ans après la mort de celui qui fût l’homme fort du Zaïre pendant plus de trois décennies.
À propos de la probable grosse fortune de Mobutu, Bobi Ladawa dit ne pas savoir la destination de ses biens.
« Depuis sa mort jusqu'à aujourd'hui, personne, pas même mes enfants, personne n’a pu découvrir là où étaient cachées les grosses sommes d’argent dont tout le monde parlait, c'était juste pour l’accabler », ajoute Bobi Ladawa.
Pour le retour de la dépouille mortelle de Mobutu dans sa terre natale, sa veuve dit que son défunt époux doit être réhabilité et lavé de tout pour l’aboutissement du rapatriement. « Il m’a dit qu’on m’enterre au Maroc si j’en meurs, et si le pays redevient bien qu’on apporte les restes de mon corps à Gbado », conclut-elle.