C’est Godefroid Matondo, porte-parole de l’Intersyndicale de l’Enseignement primaire, secondaire et technique qui l’annonçait dès vendredi au lendemain de la reprise des négociations entre gouvernement et syndicalistes à Kisantu : « les enseignants ont décidé de suspendre la grève en attendant l’aboutissement des négociations ». Ce lundi 1er novembre, Lemag a visité quelques écoles de l’Ouest de Kinshasa. Et la réalité est éloignée de l’enthousiasme affiché par M. Matondo le week-end.
À l'école EP1 Ngaliema Saint-Christophe, les parents ont répondu à l’appel de l’intersyndicale. Ils arrivaient ce lundi matin par dizaines déposer leurs enfants bien avant 7h30’, l’heure habituelle du début des cours. Leur espoir de voir leurs enfants commençaient enfin les cours cette année s’est arrêté net à l’entrée principale de l’école. C’est là que se trouvaient tous les enseignants. Aucun d’entre eux n’était dans une salle de classe. Et personne n’avait l’intention de le faire. Lassés de garder leurs enfants à la maison pour la quatrième semaine consécutive, certains parents ont essayé de faire entendre raison à ces enseignants. En vain. « Le président de la République doit trouver une solution pour les enfants ou pensé à revoir le système de la gratuité parce que faire étudier les enfants dans une bonne école privée coûte aussi cher », a déclaré un parent deçu contraint de ramener son enfant à la maison.
A l’EP1 Misioni, les enseignants contestent aux syndicalistes présents à Kisantu le droit de lever la grève. « Ils pensent que nous sommes dupes comme dans les années antérieures », lance furieux un enseignant qui affirme que ses collègues et lui n'enseigneront pas avec des promesses. « Comment peuvent-ils la lever la grève sans satisfaire nos revendications, nous ne connaissons pas ses syndicalistes qui passent devant les médias pout troubler les gens avec les fausses informations. Cette fois-ci, nous n’allons pas enseigner avec des promesses non réalisées », poursuit le même enseignant qui souhaite ne pas donner son nom ni la classe qu’il encadre. Sur l’avenue de l’école, toujours à Ngaliema, se trouvent en réalité 4 écoles. Là non plus, pas d’enseignant qui veuille reprendre la craie blanche. A l’Institut Technique de Commerce, ils étaient tous sous les arbres commentant divers sujets d’actualité.
A l'école primaire Kengo, un petit groupe d’élèves visiblement pas pressés de rentrer chez eux jouaient dans les salles des classes. L'École Moderne de Ngaliema a autorisé l’accès des élèves dans les salles de classe. Quelques surveillants étaient bien visibles devant les portes des salles de classe pour prévenir tout débordement des élèves livrés à eux-mêmes.
A l’Institut Scientifique de Ngaliema, les quelques élèves arrivés là vers 7 heures ont tôt fait de rebrousser chemin.
Vendredi dernier pourtant, Jean-Bosco Puna le secrétaire général de la Synergie des syndicats des enseignants de la RDC prévenait : « le gouvernement fait suspendre cette grève par ceux qui ne l’ont pas décrétée », anticipant le fait que les cours n’allaient pas reprendre ce lundi. Ce qui est arrivé. Le gouvernement a encore deux semaines, le temps de ces négociations avec les syndicats, pour trouver des réponses aux revendications salariales des enseignants. Et éviter une année blanche après la dernière déjà suffisamment perturbée par les fermetures de classes en raison de la crise du Covid-19.