C'est le ras-le-bol du côté des élèves. Deux semaines après le lancement officiel de la rentrée scolaire, les enseignants maintiennent leur grève. Las d'attendre une reprise des cours qui n'arrive toujours pas, les élèves des écoles de la Gombe et des communes environnantes ont pris d'assaut jeudi 21 octobre 2021 le Palais du peuple, siège du Parlement. Tout un symbole.
Après avoir réussi à pénétrer sans violence le siège du Parlement congolais, les élèves essentiellement du secondaire ont campé devant l'entrée de la salle des Congrès où se tiennent les plénières de l'Assemblée nationale. Ils scandaient à l'unisson : "Félix, soki classe te, tomeli bombé" ("Félix, si les classes ne reprennent pas, on va fumer le 'bombé'").
Le bombé, c'est ce joint à la mode fait à base des résidus des tuyaux d'échappement des voitures auxquels on ajoute selon les cas, les somnifères ou le chanvre indien. Une drogue dangereuse qui a la caractéristique d'endormir debout ses consommateurs.
Mercredi, certains élèves avaient déjà battu le pavé pour réclamer la reprise des enseignements. Une réaction qui arrive après l'impasse observée dans les négociations entre le ministre de l'Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) et les syndicats des enseignants. Les revendications de ces derniers sont essentiellement salariales.
A Kinshasa, dans le réseau d'écoles conventionnées catholiques, le salaire de certains enseignants ont été revus à la baisse depuis l'instauration de la gratuité de l'enseignement de base il y a deux ans. Ce qui a fortement déplu. De plus, l'État n'a pas compensé à leur juste mesure les contributions financières des parents, occasionnant de ce fait le dysfonctionnement des écoles. Si dans le réseau d'écoles publiques, l'augmentation salariale a été bien accueillie, dans l'arrière-pays, plusieurs enseignants dénoncent des disparités salariales avec leurs collègues de Kinshasa.
Autre problème majeur posé par les syndicats, celui des N.U (nouvelles unités) et des NP (non-payés), les enseignants nouvellement recrutés ou des vieux engagés jamais payés.
Pour pousser les enseignants à reprendre la craie, les autorités de l'ESPT ont même activé la procédure de privation de salaires des enseignants grévistes. Rien n'y a fait.