Les mouvements citoyens et groupes de pression avec une centaine de manifestants répondant à leur appel, sont descendus dans les rues de la ville de Goma ce mercredi 18 janvier en marche de protestation contre la force de la communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) qu'ils jugent inefficace, déployée dans l'Est de la République démocratique du Congo, malgré la mesure interdisant la manifestation.
A l'arrivée dans le centre-ville de Goma, la marche a été stoppée par des grenades lacrymogènes tirées par la police au milieu des manifestants. Les journalistes ont été menacés par la police et un agent a lancé en direction du groupe de reporters une grenade lacrymogène qui a atteint un correspondant de l'AFP à la tête, indique l'Agence france presse (AFP).
"Un journaliste s'est blessé en s'enfuyant. Deux autres ont été interpellés avec six manifestants et relâchés après trois heures de garde à vue", poursuit la même source.
Selon l’organisation “Journaliste en Danger” (JED), ces journalistes ont été blessés devant l’entrée du Bureau du Gouverneur militaire. Il s’agit de Merveilles Kiro, de Blessing Fm, Ali Asanka Darius, correspondant de VOA et de Munyafura correspondant de l’Agence française de Presse.
"Les trois journalistes ont été poursuivis alors qu’ils s’échappaient aux tirs avant d’être blessés par les éléments de la PNC au quartier Himbi, situé près du Gouvernorat de la province", ajoute cette organisation.
En outre , deux autres journalistes ont été interpellés par les éléments de la police. Il s’agit de Freddy Ruvunangiza journaliste correspondant de laprunellerdc.info et de Justin Kabumba.
"Ceux-ci ont été brutalisés et giflés par la police nationale congolaise (PNC). Ils ont été amenés à la mairie de la ville de Goma avant le commissariat Provincial du Nord-Kivu pour une audition. La police leur reproche d’avoir couvert une manifestation interdite par l’autorité urbaine" signale l'organisation JED.
Plusieurs milliers de soldats du Kenya et du Burundi ont été récemment déployés en renfort de l'armée congolaise et des Nations unies pour lutter contre les groupes armés dans l'est de la RDC. 750 militaires sud-soudanais sont attendus prochainement.
"La population est fatiguée de voir cette force inutile de l'EAC se transformer en une mission d'observation qui regarde comment on nous massacre", a déclaré Espoir Mwinuka, un militant de la Lucha, un groupe de jeunes activistes, co-organisateur de la marche.
"Sur le terrain, ils ne font rien à part servir de bouclier à l'ennemi, donc cette force n'a pas sa raison d'être chez nous", a ajouté Josue Wallay, un autre militant de la Lucha, présent dans le cortège.
Cette frustration est monté après que les militaires kényans ont organisé des cérémonies de retrait des rebelles du groupe M23, et de reprise de contrôle par l'EAC, dans deux localités au nord de Goma, fin décembre et début janvier.
Ce retrait a été dénoncé comme "un leurre" par l'armée congolaise et contredit par des témoignages affirmant que le M23 occupe toujours des positions d'où il était censé se retirer.
La rébellion majoritairement tutsi du M23 a repris les armes fin 2021. Le Rwanda est accusé de soutenir et équiper en partie ses combattants, qui se sont emparés de vastes pans du territoire de Rutshuru, au nord de Goma.
Depuis fin octobre et malgré des déclarations de cessez-le-feu et de retraits de ses troupes, le M23 continue d'affronter l'armée congolaise et des groupes armés.
Avec AFP